Migdal HaEmek : une ville sauvée par un rabbin

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Migdal Haemek (la tour)

 

Par Michaël Laustriat

Une fois n’est pas coutume : ISRAEL MAGAZINE n’a pas l’habitude de tresser des louanges à ceux qui font (souvent en la défaisant) l’actualité. Mais là, avec Rav David Grossman, on peut réellement affirmer que s’il ne s’était pas installé à Migdal HaEmek, la ville serait devenue, un peu comme Lod, une cité perdue où les Juifs doivent souvent marcher la tête basse – ou s’en aller vivre ailleurs. Récit.

En 1950, le gouvernement dirigé par Ben Gourion décide de fonder entre Haïfa et Afoula une nouvelle « ma’abara » pour accueillir les nouveaux immigrants juifs en provenance des pays arabes. C’est ainsi que naît Migdal HaEmek. Pendant des années, cette petite ville de développement du nord d’Israël végète, oubliée par les responsables. À tel point qu’en 1959 – Panthères noires avant l’heure – un mouvement de révolte dirigé par David Ben Haroush va crier son mécontentement jusque dans les beaux quartiers de Haïfa. Peine perdue : rien ne changera. Pour les caïds juifs locaux, c’est l’embellie : ils font la loi. C’est à cette époque que s’y installe Rav David Grossman. Il n’a même pas vingt-cinq ans !

Le Rav fait un vœu

Il aurait pu rester à Mea Chéarim, installer sa famille dans cette enclave ultra-orthodoxe et s’y consacrer, comme tant d’autres, à l’étude de la Torah. Mais non : pendant la libération de Jérusalem, alors que les Arabes pilonnent la ville, il a passé avec les siens la plupart de son temps dans un abri inconfortable, protégé par des sacs de sable. Il a vécu la libération de Jérusalem. Pour lui, la victoire de nos soldats – leur courage et leur sacrifice – est de l’ordre du miracle. Il estime alors avoir une dette personnelle à l’égard du Tout-Puissant. Au Kotel, enfin accessible, il fait le vœu de quitter Jérusalem pendant un an et de résider dans un lieu où il pourrait aider les jeunes du peuple juif, ces jeunes qui ont donné leur sang pour libérer la ville sainte.

Il s’en ouvre au rabbi de Lelov, rav Mordekhaï Biderman, qui lui dit « Vois s’il n’y a pas quelque chose à faire à Migdal HaEmek… » Il y va en autobus, et le chauffeur ne comprend pas ce que vient faire ce rabbin dans cette ville qui a alors très mauvaise réputation : criminalité, délinquance, vols, meurtres. Naturellement, il n’y a pas de yeshiva. Mais où sont les jeunes ? On lui répond « A la discothèque ! » Et voici notre rav – barbe, péot et tsitsit au vent – qui s’y rend. À son entrée, la musique s’arrête car la surprise est générale. Mais Rav Grossman sait parler à ces jeunes. Il a travaillé pour le ‘Hinoukh Haatsmaï, un réseau d’écoles religieuses. Pour lui, au-delà de la différence entre ashkénazes et séfarades, ce qu’il voit, ce sont d’abord de jeunes juifs happés par la modernité. Pour toucher leur cœur et leur âme, il leur raconte ce qu’ont vécu leurs aïeux au Maroc, en Tunisie. Et le courant passe entre eux : ces jeunes l’adoptent, car il n’est pas venu pour leur faire des reproches. De cette rencontre surréaliste, la télévision israélienne produira en 1970 un film : « Le Rabbin des discothèques[1] ». Désormais, il sait qu’il doit rester à Migdal HaEmek. Il trouvera un local pour donner des cours à ces jeunes. On lui jettera des cailloux, mais sa détermination le protège.

« Un type très dangereux »

Quelques jours plus tard, quand il réalise que de nombreux Arabes parquent leurs belles voitures devant la piscine municipale pour draguer des jeunes filles juives de familles défavorisées, cela le révolte : c’est donc que quelqu’un leur en donne l’autorisation et en tire profit. Il se renseigne : on lui dit que c’est un certain Kobi – « un type très dangereux » – qui monnaie leur présence dans la ville. Qu’à cela ne tienne : il demande à prendre un café avec lui. La rencontre se fait et l’homme reconnaît sa responsabilité : « … mais les affaires sont les affaires, rabbi. Il est difficile de gagner sa vie à Migdal HaEmek, et cet argent-là est facile. Pour une raison que j’ignore, ces Arabes veulent épouser des juives, et ils sont prêts à acheter ce droit.

– Eh bien, si c’est une question d’argent, je connais quelqu’un qui est propriétaire d’une usine. Je vais lui parler pour qu’il vous embauche ». À cela, Kobi répond qu’il a toujours été son propre patron et qu’il est incapable de travailler pour qui que ce soit. Par contre, il lui dit que ce qu’il aimerait, c’est posséder un camion : « Si je pouvais conduire mon propre camion, faire des livraisons dans tout le pays et gagner dignement ma vie, je serais heureux. Je serais libre de mon temps, je pourrais me lever le matin à mon heure et travailler quand je veux. Vous m’avez demandé ce que je voudrais faire de ma vie : vous avez ma réponse. » Avant de prendre congé, Rav Grossman trinque avec son hôte, en lui disant : « J’ai compris : il vous faut juste un camion. »

Il vend son appartement

La suite de cette histoire est proprement incroyable. Rav Grossman avait reçu de ses parents et beaux-parents un appartement à Jérusalem, rue \’Hanna. Le dimanche suivant, il se rendit dans la capitale et le mit en vente. Avec l’argent, il fit l’acquisition d’un camion Volkswagen et peu de temps après, il se trouvait à nouveau à Migdal HaEmek, devant la porte du chef du gang. Déposant les clés du camion sur la table où ils avaient partagé quelques verres d’arak, il lui dit : « Vous m’avez dit que votre rêve était d’avoir un camion. Le voici qui se réalise. » Mais le rav ne s’en tint pas là. C’était une chose d’avoir un camion, mais il fallait trouver des clients. Rav Grossman prit contact avec le propriétaire d’une fabrique de vêtements de cuir destinés à l’exportation. Il lui exposa les raisons de sa visite. Chaque soir, l’usine livrait des vestes de cuir à l’aéroport pour les vols de nuit vers l’Europe : « Je voudrais que vous embauchiez Kobi pour les livraisons. S’il a un emploi lui permettant de gagner dignement sa vie, il n’aura plus besoin de soutirer de l’argent aux Arabes. Il nous aidera même à nous en débarrasser. » Et l’affaire fut conclue.

[1] https://www.youtube.com/watch?v=XK4OnQMFsH8

 

La suite de l’article se trouve dans le prochain numéro d’Israël Magazine

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