La stèle détruite : reste Zakhor : souviens-toi !
Par Jean-Marc Alcalay
Ce samedi 1er octobre, la Voix du Nord[1], fait état de la destruction de la stèle des Juifs déportés de Dunkerque. N’en doutons pas, il s’agit là d’un acte antisémite… Avant de revenir sur cet acte odieux, il nous faut évoquer l’histoire de cette communauté, sa destruction pendant la guerre et les péripéties qui ont précédé l’érection et l’inauguration de cette plaque mémorielle.
La stèle détruite : reste Zakhor : souviens-toi !
Avant-hier…
La communauté juive de Dunkerque se constitue vers le milieu du XIXe siècle, comme la plupart des communautés juives des Hauts-de-France[2]. Le 5 août 1853, Félix Geismar, Jacob Isaac le sacrificateur et M. Silberstein demandent à la municipalité de la ville conduite par Charles Mollet, l’octroi d’une parcelle du cimetière pour y enterrer leurs morts, afin de remplacer le fossé qui devenait trop étroit pour contenir les sépultures. L’accord leur est donné en 1854. Paradoxalement, la communauté juive de Dunkerque naît donc de l’octroi d’un cimetière, pour pouvoir s’implanter vivants dans le tissu urbain de la ville… A cette époque, on dénombre 45 Juifs, principalement ashkénazim. Une vie juive existait déjà, constituée peu à peu depuis l’arrivée du premier d’entre eux à Dunkerque, Abraham Caut, en 1749. Puis ce fut Sophie David de la famille Hellendal, Jacob Isaac, Esther Lévy-Hellendal… Ces premiers Juifs viennent de Hollande, d’Angleterre, de Dieppe, de Paris…
Les Juifs Dunkerquois dans la tourmente
Arrive la Grande-Guerre puis le début de la seconde. La communauté juive de la ville peut alors compter jusqu’à 80 personnes. Depuis 1860, elle a un local, une petite maison aux volets verts qui sert de synagogue où 3 officiants rabbins s’y sont succédé, dont le dernier en date, Jonas Picard décède le 11 février 1939 quelques mois avant la déclaration de guerre. Le 10 mai 1940, l’aviation allemande déferle sur l’Europe et les Hauts-de-France. Elle bombarde la ville et la synagogue explose sous une bombe incendiaire. Comme beaucoup de Dunkerquois, les Juifs de la ville ont pris la route de l’exode. Albert Sylbercan, un enfant de 12 ans, est tué le 29 mai 1940 à Gravelines, à quelque vingt kilomètres de Dunkerque, par les Allemands qui inexorablement avancent vers la ville. Accompagné sans doute par ses parents, son corps repose au cimetière de Gravelines. Sur sa tombe, une étoile de David. Les Allemands entrent à Dunkerque le 4 juin 1940. Quarante-mille soldats français sont faits prisonniers, mais du 26 mai au 4 juin 1940, 338 226 soldats, dont 215 226 sont britanniques et 123 000 sont français, ont rejoint la Grande-Bretagne par l’Opération dynamo. Grâce à cette victoire, la guerre contre l’Allemagne nazie pourra continuer jusqu’à la défaite du Reich…
La dispartion des Ashkenazes et l\’arrivée des Sépharades
Aucun Juif de Dunkerque n’a été arrêté ni déporté depuis la ville. Tous l’ont été depuis les villes où ils s’étaient réfugiés, Paris, Nice… Dunkerque, comme les villes du nord, sont sous l’administration de Bruxelles et les décrets d’aryanisation, du port de l’étoile arrivent bien à Dunkerque malgré l’absence de Juifs dans la ville. Seule, Rachel Arrapel, née Abransky qui habite Rosendaël, une ville qui jouxte Dunkerque et Malo-les-Bains, brûle tous les papiers de sa famille originaire d’Odessa et choisit de rester sur place. Elle mourra le 24 novembre 1941 sans que l’on sache comment. La guerre terminée, peu à peu les Juifs reviennent à Dunkerque dont le centre-ville et le port ont été détruits à 95%. La communauté se reconstitue peu à peu avec l’apport des Juifs d’Afrique du Nord dans les années 60, jusqu’à atteindre une centaine de membres lors de l’inauguration de la synagogue en 1967.
[1]A.C. « Une plaque commémorative vandalisée », in, La Voix du Nord du 1er octobre 2022, p.13.
[2] Jean-Marc Alcalay, « Lille » in, Dictionnaire du Judaïsme français, depuis 1944, sous la direction de Jean Leselbaum et Antoine Spire, ARMAND COLLIN/LE BORD DE L’EAU, 2013, p.p. 552-553.
La suite de l’article se trouve dans le prochain numéro d’Israël Magazine
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