VAGUE DE TERREUR
Sécurité et résolutions en Judée Samarie
Yaacov BEN DENOUN
On entend le hurlement des sirènes, le cri des avertisseurs sonores. Des ambulances passent à toute allure, poursuivies par les voitures de police. Elles déchirent la quiétude des rues de Jérusalem, d’Afoula ou d’ailleurs. Les rumeurs circulent plus vite que l’information. Les Israéliens, hier attachés à leurs postes radio ne quittent plus leurs Smartphones. Ils tweetent, envoient des messages, se répandent sur la toile. Ils sont aux aguets.
Les réactions sont à la mesure des évènements qui ponctuent la vie de l’Etat d’Israël. Les mots prennent du sens. Attentat au couteau, à la voiture bélier, arme automatique, blessés de toutes natures, agresseur neutralisé, riposte, derrière chaque affirmation se cache un drame, intime, national, une cohorte de douleurs.En Israël la paix n’est pas une option, c’est un mode de vie. La sérénité, l’appétit de vie, sont inscrits dans toutes les célébrations, les rencontres, dans les embrassades, les poignées de main, les danses.
Judée Samarie
Il est important de se protéger, d’éviter le pire, celui qui attend son heure, se repait de nos inquiétudes et s’enorgueillit de vivre dans notre proximité. La filière médicale et les réseaux d’intervention, sont réactifs (Zaka, Hatzalah). Ils savent opérer dans l’urgence, et partout, dans les petites ruelles de la Vieille ville de Jérusalem, les larges avenues, les squares, de jour, de nuit, à toute heure.
En Judée Samarie cet impératif présente encore plus d’acuité. Les axes principaux offrent un cadre tout indiqué pour les manifestations de la terreur.
La route 60 qui traverse la région de Benyamin, s’enfonce dans les confins de la Samarie, la route 555 qui va à Naplouse (Shrem), la route 443 (qui va de Jérusalem à Tel-Aviv en passant par Modiin), et d’autres itinéraires présentent un certain danger. Les Check-points, les carrefours, les arrêts de bus, sont des cibles fréquentes. La vigilance est de rigueur.
Suivi
Archives 2017. Benjamin Netanyahou et les ministres concernés, le Shin Beth se réunissent régulièrement pour étudier la situation sécuritaire et fixer de nouveaux objectifs. « Tolérance zéro pour le terrorisme » a affirmé le Premier ministre. Les forces de sécurité israéliennes collaborent avec les renseignements palestiniens qui trouvent un intérêt évident à maintenir des contacts et éviter que la situation dans la région ne s’embrase.
Les services de renseignement sont à pied d’œuvre. Ils permettent d’anticiper bien des attentats, de démanteler des cellules terroristes, d’infiltrer des réseaux plus ou moins organisés, et de prévenir des attaques, des tentatives d’enlèvement. Le commandement militaire a renforcé les contrôles, augmenté le nombre des patrouilles, placé des forces armées près de l’entrée des villages, près des principales stations de bus ou de tramp[1].
Hevron
La nuit les forces spéciales, des unités de l’armée, traquent, cherchent, vérifient. Ils passent de maison en maison, arrêtent des suspects, dénichent des caches d’armes, puis repartent. Tout ceci n’empêche pas les jets de pierre répétés, les agressions et crée un climat d’incertitude pesant.. Les manifestants accusent souvent le gouvernement, de ne pas prendre en compte suffisamment leur sécurité, de retarder des constructions essentielles (voies de contournement, aménagement de carrefours, mise en place de barrières de protection). Le président du Conseil régional Har Hévron, Yochaï Damari, celui de Samarie, Yossi Dagan, ou de la région de Benyamin, Avi Rohé, demandent que soient prises en compte les demandes de tous les résidents.
Les « Justes »
Parmi les évènements récents qui ont ensanglanté Jérusalem, la Judée Samarie et des villes israéliennes, certains apportaient un éclairage empreint de spiritualité. Accepter l’épreuve, bouleversante, cruelle, n’est pas forcément lui donner un sens. Peut-on considérer que le hasard est seul opérant ? Ou si on est croyant peut-on considérer que Dieu a failli à sa tâche ? Ou plus encore, que doit-on voir derrière ces actes meurtriers, quelle est la résonance de cette actualité mortifère sur notre perception du réel ? On peut se poser la question.
Le 1er octobre dernier, Eytam et Naama Henkin sont assassinés par des tirs d‘arme automatique sur une route près de l’implantation d’Itamar. Deux jours plus tard, dans la Vieille ville, Nehamia Lavi et Aaron Benitah décèdent, poignardés par un assaillant.
Le 13 octobre, attentat à la voiture-bélier près d’un arrêt de bus dans la rue Malkhei Israël, près de Kikar Shabbat dans le quartier de Geoula à Jérusalem. Le rabbin Yeshayahou-Akiva Kritschevsky, âgé de 59 ans, sera tué à coup de hache. Erudit, il était auteur de livres de commentaires de Torah.
Le président Rivlin
Le rav Eytam Henkin docteur en histoire, enseignait à l’université de Tel-Aviv (la loi juive). Il était le fils du rav Yéhouda Henkin, érudit aussi, chef de file des poskim (décisionnaires) du monde sioniste-religieux. Sa mère le jour de l’enterrement : « il etait empli de sagesse, d’amour de la Torah, d’honnêteté, de talent, un homme de Halakha dans toute ton essence…Combien d’amour, combien de respect mutuel, combien de dévouement pour vos enfants vous manifestiez, toi et Naama, ton épouse si extraordinaire ! »
Le président Rivlin déclarera : « J’ai appris trop tard qui tu étais. Rabbi Eitam.. on m’a montré une partie de la récolte toranique abondante que tu as publiée au cours de tes années trop courtes. Nous avons perdu un érudit, courageux et original. Un géant, qui vient d’une famille de géants, un homme de lettres qui était aussi un homme d’action, ou tout simplement que nous avons perdu un père aimant et aimé… » Les victimes sont des personnes connues pour leur modestie, leur générosité, leur bonté, tournées vers les autres, respectueuses de tous, vertueuses, exemplaires attachantes, des perles de lumière.
Alors, pourquoi ces « Justes » tombent-ils ? Ils avaient encore tant à dire, tant à faire.
Quelqu’un a donné une ébauche d’explication. Il s’en explique.
« Lors de l’enterrement d’une victime d’un attentat, la presse revient sur la vie du défunt, et l’on s’aperçoit, souvent, que ceux qui sont tombés étaient des « Justes », de belles personnes qui avaient dédié leurs vies aux autres, à la Torah, et n’avaient d’autre ambition que de voir fleurir leur terre, grandir leurs enfants, d’enseigner, d’étudier. Se pose la question : pourquoi eux, pourquoi maintenant ? Avaient-ils achevé leur mission ? N’est-ce pas injuste ?
Alors je vous réponds, tout en précisant que je ne connais rien des comptes du créateur, et que je ne saurais interpréter ses décisions. Tous ces « Justes », ces hommes, ces femmes, font partir d’une armée, l’armée de l’ombre, celle qui s’est installée autour d’eux. S’ils sont ardents c’est parce qu’ils sont porteurs de lumière. Leur mort ne vient pas amoindrir cette lumière, elle vient révéler leur existence.
André Schwarz-Bart
Il ne s’agit pas des 36 Justes dont parle la tradition et qu’évoque André Schwarz-Bart (dans son livre issu d’une fulgurance prophétique[2]), il s’agit de ces Justes de proximité qui permettent à l’ensemble du peuple juif de conserver sa cohérence et de demeurer les instruments de la promesse divine. Le nom de ces « justes » est attaché à la quintessence de notre tradition, à la spiritualité la plus élevée. Ils incarnent des valeurs qui malgré leur disparition continueront à se répandre dans le monde. Ils adhèrent à notre réalité et la rendent chaque jour plus enthousiasmante, comme ces post-it éparpillés» Peut-on s’accommoder de tout ? Notre préoccupation n’est-elle qu’attachée à la protection de nos personnes ? Non pas. C’est dans la souffrance que se forge l’âme d’un peuple, d’une nation. Le peuple juif n’échappe pas à cette règle. Nous en connaissons le prix.
Un Rabbi et ses disciples, dans leurs cafetans d\’hiver malgré la canicule, se rendent au Mur pour implorer Dieu de leur donner la force et la sagesse de pouvoir l’implorer encore mieux demain. Un touriste se fait déchiffrer une inscription sur le frontispice d\’une ‘’Yeshiva’’ : ‘’Cet édifice ne sera ni vendu ni loué avant la venue du Messie’’.»
La suite de l’article se trouve dans le prochain numéro d’Israël Magazine
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