Israël doit-il autoriser le don posthume de sperme ?
Marc Bruszowski pour Israël Magazine

Le Rav Shlomo Brody, expert halakhique sur les questions d’éthique, comme le don d’organes, interroge une question qui fait polémique, en Israël et dans Tsahal : avec le consentement préalable du soldat et de son épouse, peut-on procéder au prélèvement de sperme sur ce soldat décédé ? D’accord ou pas, ce qui compte est la confrontation des points de vue et de donner au couple l’autorité de juger pour lui-même.
En 2022, l’éphémère 24 ème Knesset a adopté une législation préliminaire, autorisant Tsahal à demander aux soldats enrôlés s’ils souhaitaient que leur sperme soit extrait à titre posthume, s’ils mouraient, en service. La technologie médicale permet aujourd’hui, une telle récupération de sperme par un processus peu invasif, dans les 72 heures suivant le décès. Par le passé, divers comités éthiques et tribunaux, ont autorisé, de manière ponctuelle, de tels prélèvements, à la demande de veuves ou de parents endeuillés. Bien que la Knesset n’ait établi aucune réglementation sur ce processus, on pense qu’il doit y avoir quelques dizaines d’enfants qui sont nés d’une fécondation in vitro de la veuve survivante, ou, dans le cas d’un soldat célibataire, d’une femme choisie par les parents endeuillés.
La légalité du prélèvement posthume de sperme
Ce prélèvement posthume de sperme est illégal dans de nombreux pays occidentaux, comme l’Allemagne, l’Italie et la Suède. Certains partisans de la pratique pensent important qu’Israël s’affirme comme le pionnier dans le domaine de ces procédures de reproduction. Ses opposants, au contraire, la perçoivent comme une grave violation morale, par laquelle nous planifions un « orphelinat planifié », dans le but de créer « un mémorial planifié » à l’intention du défunt.
L’une des motivations motrices qui poussent à faciliter une telle démarche est de permettre au défunt de laisser une descendance pour préserver son héritage. Dans la loi biblique, lorsqu’un homme marié meurt sans descendance, on arrange un « mariage de Lévirat » entre sa veuve et son frère.
« Le premier enfant qu’elle enfantera sera compté (attribué) au frère mort, afin que son nom ne soit pas effacé en Israël », nous dit Devarim/Deuteronome 25 : 6).
Ce type de mariage a disparu depuis de nombreux siècles. Cependant, certains juristes et rabbins israéliens considèrent l’implantation posthume de sperme comme la version moderne de cette valeur biblique intangible ou du moins une façon de la restaurer.
Le rabbin Zalman Nehemia Goldberg
Le rabbin Zalman Nehemia Goldberg, qui soutient que cette procédure est autorisée si le défunt a donné une permission explicite ou si « nous pouvons supposer en toute sécurité qu’il l’aurait souhaitée ». S’il est parfois difficile de connaître les désirs du défunt, il faut tenir compte du « désir humain naturel » de laisser un héritage. Goldberga, en outre, soutenu que la perspective par défaut de la loi juive est de permettre une action, à moins qu’elle ne viole une interdiction claire.
Dans le même esprit, le rabbin Morde\’haï Halperin considère ce procédé comme l’ultime acte de bonté (Hessed) envers le défunt. Parmi les autres universitaires qui ont apporté leur soutien à ce processus, on trouve les rabbins Meir Mazouz, Avraham Stav et le Dr Avraham Steinberg.
On a pu contester la sagesse halakhique et éthique de cette procédure, pour des motifs différents. pour le rabbin Shaoul Yisraeli, si une personne pouvait réaliser à titre posthume un acte qui crée la paternité. C’est une chose, lorsqu’une veuve enceinte donne naissance à un enfant, après la mort tragique de son mari. C’est une toute autre affaire, soutient Yisraeli, lorsque le sperme est extrait à titre posthume. Selon l’esprit de ce rabbin, l’enfant ne serait même pas reconnu comme son enfant.
Le Rabbin Shlomo Auerbach et d’autres, ont soutenu que le fournisseur biologique du sperme ne perd jamais son statut de père, comme dans d’autres cas de FIV. A ce titre, cet enfant continuerait la lignée biologique de son père défunt.
Pourtant, même si cela est vrai, cela ne signifie pas nécessairement que toute mitsva de procréation a été accomplie par la fécondation posthume.
Comme le soutient le rabbin Asher Weiss, le défunt n’est pas en capacité d’accomplir de mitsvot. « Les mariages en lévirat » peuvent remplir un mandat biblique, mais cela ne signifie pas qu’un acte partiellement analogue qui produit un résultat similaire puisse avoir une valeur religieuse.
D’autres, comme le rabbin et Dr Yigal Shafran craignent qu’au cas où le sperme n’avait pas déjà été congelé au cours de sa vie, la procédure pour le récupérer ne viole les interdits bibliques empêchant la profanation d’un cadavre ou d’en tirer un bénéfice illicite.
Le don d’organes posthume est licite, parce que les interdictions halakhiques sont éclipsées par la plus grande valeur consistant à sauver des vies (pikuah nefesh). Dans notre cas présent, une vie est bien créée, pas sauvée.
Certains rétorquent que le processus de récupération du sperme, s’il est non invasif, ne viole aucune de ces interdictions, lorsqu’il est effectué dans les 12 heures suivant la mort , par un choc électrique (électroéjaculation). Ils soutiennent, en outre, que les procédures posthumes, effectuées au nom de l’honneur du défunt, ne peuvent violer ces interdictions.
D’autres personnalités, comme le rabbin Yuval Cherlow, du groupe rabbinique Tzohar, soutiennent que nous ne pouvons affirmer que ce sperme répond aux souhaits du défunt, que dans le cas où il l’a préalablement approuvé dans un testament de vie, ou si la veuve le demande.
Il n’y a que ces deux personnes qui sont habilitées à prendre une décision aussi intime et personnelle. Personne d’autres, y compris les parents endeuillés, n’ al e droit de mettre cet enfant au monde.
Cette approche, ceppendant, est rejetée par une série de personnalités dont les rabbins Yosef Shalom Elyashiv, Dov Lior, Nahum Eliezer Rabinovitch, qui lui opposent une objection morale fondamentale :
Bien qu’ils preuvent une profonde empathie envers la veuve et les parents endeuillés, il demeure pour eux immoral de mettre un enfant au monde en sachant qu’il n’aura pas de père biologique.
Aussi nobles que soient les intentions, il n’est pas dans l’intérêt de l’enfant ou de la société elle-même de permettre un tel phénomène.
Dans cet esprit, l’Institut de la fertilité et de la Halacha du PUAH a exprimé une opposition véhémente à la législation actuellement bloquée à la Knesset.
Le temps nous dira si la prochaine Knesset abordera ce sujet sensible et controversé.
Le Rav Shlomo Brody est directeur exécutif de la Société Halachique pour le Don d’Organes et auteur du livre en anglais : « A Guide to the Complex : Contemporary Halakhic Debates.
La suite de l’article se trouve dans le prochain numéro d’Israël Magazine
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