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Deux commandants iraniens responsables de l\’envoi des drones suicides à l\’armée russe ont été tués à Zahadan, dans la province du Sistan-Baloutchistan. Les Iraniens attribuent l\’exécution au Mossad, mais la région est aussi réputée à cause de sa rébellion séparatiste baloutche.
Les faits
Des sources de renseignement occidentales révèlent que des hommes armés non identifiés ont exécuté les deux commandants iraniens responsables de l\’organisation des livraisons de drones suicides iraniens à l\’armée russe en Ukraine, dans la ville de Zahedan, dans la région du Sistan au Balouchistan, en Iran :
Il s’agit du général Javad Keiha et du colonel Mehdi Mollashahi.
Les deux officiers supérieurs ont été tués par balle alors qu\’ils conduisaient leur voiture sur la place centrale de la ville, la place Parastar. La voiture des hommes qui les ont exécutés les a rattrapés et ses occupants ont tiré à la mitrailleuse sur la voiture des officiers iraniens.
Le contexte des sanctions
Au cours des dernières semaines, les États-Unis, le Royaume-Uni et l\’Union européenne ont sanctionné trois commandants militaires et une société de défense pour avoir , selon toute vraisemblance, fourni des drones à la Russie afin qu’elle les utilise dans sa guerre contre l\’Ukraine.
Les sanctions se sont traduites par des interdictions de voyager et un gel des avoirs du général de division Mohammad Hossein Bagheri, chef d\’état-major des forces armées iraniennes, du général Seyed Hojjatollah Qureishi, un responsable de la défense, et du général de brigade Saeed Aghajani, commandant en charge de la Force aérospatiale du CGRI. « Commandement des drones » ( Iran International , 20/10/2022). La société qui produit les drones Shahed-136 trouvés en Ukraine, appelée Shahed Aviation Industries, a également été sanctionnée. En fournissant des drones à la Russie, l\’Iran a fait entrer la guerre dans une nouvelle phase dangereuse ( Iran International , 20/10/2022).
Aghajani, sur tous les fronts de l\’agression
Selon le Royaume-Uni et l\’UE, Aghajani, également connu sous le nom de Saeed Ara Jani, est l\’un des cerveaux du programme de drones iranien. Il supervise le Commandement des drones de l\’IRGC, dirigeant la planification des opérations, l\’allocation de l\’équipement et la formation pour les opérations de drones ( Foreign, Commonwealth & Development Office , 20/10/2022 ; Iran International , 20/10/2022). Sous sa direction, le commandement des UAV de l\’IRGC a mené une attaque le 29 juillet 2021, ciblant le navire de commerce Mercer Street au large des côtes d\’Oman, qui a fait deux victimes. Aghajani a également orchestré l\’attaque par drone contre une raffinerie de pétrole saoudienne en septembre 2019.
Les actes d\’un État terroriste caractérisé
Pour ces deux actions, les États-Unis l’ont sanctionné ( US Department of the Treasury, 29/10/2021). Les drones iraniens ont été responsables de plusieurs attaques très médiatisées contre la navigation internationale au cours des dernières années, dont deux l\’année dernière ( ifmat.org , 8/9/2021). Selon toute vraisemblance, Aghajani a été le cerveau de ces opérations, les a planifiées et a organisé leur exécution. Les attaques ont fait des blessés parmi les Norvégiens, les Émiratis et les Saoudiens, et font désormais de nombreuses victimes civiles en Ukraine.
Corps expéditionnaire en Ukraine
Des reportages récents en provenance d\’Ukraine indiquent qu’on a aperçu des unités militaires sous l\’égide du commandement des drones de l\’IRGC dans les territoires capturés et en Crimée ( Arkansas Democrat Gazette, 21/10/2022). Ces unités sont coordonnées par Aghajani sous l’égide du major-général Bagheri, qui aide Aghajani à superviser le programme de drones. Aghajani est né en 1969, il a donc 53 ans.
Malgré les sanctions et les rapports, il y a eu énormément de confusion, quant à savoir qui dirige les opérations d\’approvisionnement de la flotte de drones iraniens.
Soupçons et coupables désignés
Le 25 octobre, l\’agence de presse officielle iranienne Tasnim a rapporté que des hommes armés non-identifiés ont tué deux membres du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) dans la ville de Zahedan, dans le sud-est du pays ( Baltic News Network, 26/10/2022).
Les officiers supérieurs iraniens, le colonel Mehdi Molashahi et le général Javad Keiha, faisaient partie du corps Salman du Sistan et du Baloutchistan, et des hommes armés les auraient abattus dans leur voiture alors qu\’ils traversaient la ville.
Les flous de l\’enquête
Selon le Baltic News Network, ils étaient responsables de l\’organisation des livraisons de drones à la Russie. RBK-Ukraine a rapporté que la Russie a acheté plusieurs milliers de drones de frappe Shaher-136 et Mohajer-6 à l\’Iran et les utilise dans la guerre, avec l\’aide du personnel iranien situé dans les territoires capturés, tandis que d\’autres drones devraient arriver en novembre (mil .in.ua, 01/11/2022). On ne sait pas si les drones ont été achetés par l\’entremise de ces deux officiers supérieurs, ni qui étaient les assaillants. Aucune organisation terroriste affiliée au mouvement séparatiste baloutche ne s\’est encore attribuée le mérite des liquidations, ce qui crée des soupçons sur l\’implication des services spéciaux israéliens dans l\’élimination ciblée.
L’intérêt iranien à accuser Israël aux yeux des Russes
Des sources à Téhéran ont accusé le Mossad israélien d\’avoir tué les deux officiers. Il est aussi traditionnel que le régime iranien attribue les troubles, notamment, ceux qui ont lieu dans les régions rebelles, comme le Baloutchistan ou le Kurdistan, à l’influence « sioniste ». Cependant, les grades et affectations, leur mission de livraison de drones à la Russie, laisse supposer la conséquence d’un travail précis et important de renseignements avant l’exécution, plus compatible avec le travail d’un service très sophistiqué. L’Ukraine, par exemple, comme pays premier concerné par la menace des drones sur son territoire, dispose-t-elle, à cette heure, de moyens aussi élaborés pour traquer des responsables iraniens de haut niveau sur leur propre territoire ? Des services tiers occidentaux s’en prendraient-ils directement à l’Iran chez lui, sans s’exposer à des complications et représailles ? Pourquoi le Mossad jouerait-il au mercenaire pour d’autres, dans une guerre où Israël garde, jusqu’à présent, sa neutralité, au risque de faire exploser cette bulle de « bonne conduite », vis-à-vis des belligérants russes ?
Un bouclier russe pour les Iraniens en Syrie ?
L\’élimination ciblée a eu lieu le 25 octobre, mais les informations et des photos de cette exécution ne sont arrivées en Occident qu\’à la fin de la semaine dernière.
Les sources indiquent que si, effectivement, cette attribution est réaliste ou simplement si le Kremlin la prend pour argent comptant, cet acte constituerait la première fois qu\’Israël intervient directement dans la guerre en Ukraine, ce qui l’exposerait à une réponse russe. Il en va directement de l\’intérêt des Iraniens que la Russie fasse mette un coup d\’arrêt à la politique israélienne de guerre entre deux guerres en Syrie, qui, jusqu\’à présent, empêche les milices pro-iraniennes et leurs commanditaires à Téhéran de menacer sérieusement Jérusalem depuis le Golan et autres régions du sud de la Syrie.
La suite de l’article se trouve dans le prochain numéro d’Israël Magazine
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