par Geneviève Wittmann pour Israël Magazine
S’il est une ville romantique par excellence en France, c’est bien cette adorable cité alsacienne posée au milieu des vignes. Dans cette adorable ville de poupées, on a peine à imaginer les scènes de terreur absolue qui ont eu lieu ici même, du temps où l’on massacrait les Juifs en 1348 lors de la Peste noire ou en 1476 lorsque des Suisses viennent à leur tour décimer la communauté. Si ce n’est l’accusation d’avoir empoisonné l’eau des puits, c’est celle de crime rituel ; une antipathie qui perdure à travers les siècles et donne lieu à des actes de sauvagerie et la manifestation d’une hostilité latente jusque dans les décors des églises.
Avec ses maisons à colombages colorées, semées le long de ruelles moyenâgeuses, Colmar est surnommée la Petite Venise, car son vieux quartier La Krutenau est strié d’étroits canaux, vestiges de jardins maraîchers. Le summum est d’y faire une lente promenade à bord de l’une de ces traditionnelles barques à fond plat qui glissent sans bruit le long des vieilles maisons et des minuscules belvédères des cafés posés à fleur d’eau. Des géraniums rutilants et d’autres plantes foisonnantes et colorées garnissent les rambardes et les fenêtres des maisons. Les hauts toits pointus de tuiles vernissées s’enchevêtrent. Un clocher, des fenêtres à petits carreaux, des volets en bois vert amande, bleu ciel, rouge carmin ; des enseignes en fer forgé. La foule se presse sur les pavés, sur les terrasses et dans les winstub, ces restaurants typiques d’Alsace aux intérieurs tout en bois et aux décors croquignolets. On y sert des plats traditionnels arrosés d’un Pinot noir ou d’un Riesling. Jadis, ces winstub – mot à mot « salons à vin » – étaient accolés aux maisons des vignerons qui y tenaient une sorte de table d’hôte pour écouler leur surplus de vin, au pichet. Les vitrines regorgent de pains d’épices, poteries vernissées typiques de la région, décorations de Noël et autres cigognes sous toutes ses formes, l’oiseau blanc au bec rouge étant l’emblème local. Chaque année, elles nichent ici au sommet des maisons !
La Cloche des dix-heures » ou encore Judenglock, la Cloche des Juifs .
Si l’on connaît bien l’allégorie de la synagogue – statue aux yeux bandés – sur l’un des portails de la cathédrale de Strasbourg, on connaît moins les deux très obscènes et offensantes « Truies aux Juifs » sculptées, de la collégiale Saint-Martin de Colmar. Gravée dans le grès rose des Vosges, on trouve là une illustration de cet « enseignement du mépris » qui nourrit l’antisémitisme depuis le Moyen-Âge. Au XIVe siècle, les Juifs de Colmar vivent dans un quartier à part, rue Berthe Molly, anciennement rue des Juifs. Ils disposent d’une synagogue, d’un bain rituel et d’une salle des mariages ainsi que d’un cimetière à l’extérieur de la ville, route de Rouffach. Ils sont alors astreints au port d’un chapeau pointu.
Souvent disséminés ou poursuivis, expulsés de Colmar en 1512 (ils ne seront autorisés à revenir qu’à partir de 1791) les Juifs d’Alsace habitent dans les villages alentour, formant ainsi un Judaïsme très particulier, rural, précaire ; un petit monde de colporteurs, fripiers, ferrailleurs ; au mieux cordonniers, tailleurs ou matelassiers. En journée, ils sont autorisés à venir en ville, pour vaquer à leurs occupations. Une sonnerie de cloche particulière résonne à 22h leur signifiant qu’ils doivent quitter la ville. On l’appelle la Zehner Glocke ou cloche des dix-heures ou encore Juden Glock, Cloche des Juifs ». Elle sonne encore aujourd’hui !
Pour en savoir davantage, je vous recommande vivement l’excellent ouvrage de Freddy Raphaël, publié en format poche par Albin Michel : LES JUIFS D’ALSACE ET DE LORRAINE.
La suite de l’article se trouve dans le prochain numéro d’Israël Magazine
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Très intéressant journal