par Jean-Marc Alcalay
Après Dunkerque, Marcq-en-Barœul !
Triste Kippour ! Je ne pensais pas revenir de sitôt sur un nouvel acte antisémite commis cette fois-ci non plus à Dunkerque où « ils », eh oui « ils », car on n’a pas encore trouvé ceux qui ont profané la stèle des Juifs déportés de la ville, mais à Marcq-en-Barœul, à quelques kilomètres de Lille.
Depuis 2007, l’immense parc Septentrion de la Fondation Prouvost accueille sur plus de 1800 m2, 21 sculptures de l’artiste Jean-Claude Bresler, alias Herzi, du prénom de son père et érigées dans la plus grande solitude, en mémoire de la Shoah. Il s’agit, je crois du plus grand et du plus imposant essai de représentation artistique d’hommage rendu en France aux six millions de victimes du nazisme dont la famille d’Herzi engloutie, elle aussi, dans la gueule du monstre nazi…
Viser la Shoah à la veille de Kippour
Herzi a appelé ses sculptures, tolmens et tolminos, des mots-valises qui balancent leurs signifiants entre totem, dolmen et Golem. J’ai dit, œuvre immense, littéralement pulsionnelle, car surgie des tripes même d’Herzi dont les plus grandes font plus de 3,50 mètres et les plus petites, pas moins de 1,50 mètre.
C’est vrai qu’elles sont un peu isolées, à l’extrémité du parc, protégées malgré tout par un grillage, visibles de la route, mais quelle n’est pas l’étonnement du promeneur qui les découvre dans leur matière brute, mais fragile de torchis ! C’est comme si, au détour de sa promenade dans ce merveilleux environnement d’arbres d’essences rares, le visiteur, d’un seul coup, se confrontait au tragique de l’histoire. Eh bien l’histoire continue dans toute sa destructivité des Juifs, puisque mardi 4 octobre, veille de Kippour, la plus haute des sculptures d’Herzi, 3,50 m, a été vandalisée, cassée sans doute à coups de marteau, réduite en morceau et c’est une nouvelle fois, nous les Juifs et notre mémoire, nos millions de morts qui sont assassinés comme à Dunkerque et ailleurs ! C’est la seconde fois en deux ans que ces sculptures tombent sous les coups des antisémites. Herzi ne va pas la reconstruire. Elle va figurer dans toute sa pauvre nudité de cadavre argileux dans le catalogue de son œuvre, en cours de réalisation.
Une partie l’humanité n’est toujours pas guérie de sa haine antisémite. Encore Un acte qui en suit Un autre et en précède encore Un autre… L’histoire est sans fin !, Décidément, tant à Dunkerque, à Marcq-en-Barœul, qu’ailleurs, comme l’écrivait Bertolt Brecht en 1941 : « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde »
Jean-Marc Alcalay
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