Eau non-potable à 90%
Dans la bande de Gaza, 97% de l’eau souterraine est impropre à la consommation et 96% de l’aquifère côtier est contaminé. En fait, seuls 10% des 2 millions d\’habitants qui vivent sur ce territoire (long de 40 kms et large de 10) ont un accès quotidien à l\’eau. Or, si la pollution de l’eau est à l’origine de 26% des maladies et de 12 % de la mortalité infantile, les Palestiniens n’en sont pas moins contraints de consacrer 33 % de leur budget à l’achat d’eau potable. Les trois causes principales sont parfaitement connues : surexploitation de l’aquifère (qui entraîne une salinisation par intrusion de l\’eau de mer dans les nappes phréatiques), pollution de l’environnement (par les eaux usées et l’agriculture) et, enfin, aridité résultant du changement climatique.
Non par manque de bonne volonté, mais le frein de la politique du Hamas
Israël et la communauté internationale sont conscients de ce problème et mettent tout en œuvre pour y remédier. En septembre 2016, l’Union européenne a financé une usine de dessalement d’eau de mer mais le résultat n’a pas été efficient : les deux tiers de l’eau traitée étaient ultérieurement contaminés lors du stockage ou du transport. En 2018, la communauté internationale a donc, de nouveau, financé la construction d\’une
usine de dessalement d\’eau de mer par osmose inverse (SWRO), outre un système de transport Nord-Sud, mais aussi une centrale électrique fonctionnant à
l\’énergie solaire combiné à deux éoliennes. De même, l’UE a construit le plus grand champ d’énergie solaire à Gaza qui alimente l’usine de désalinisation du sud de Gaza (août 2018) et engagé le plan Oxfam de réhabilitation d’usines de désalinisation d’eau saumâtre.
Les Gazaouïs peuvent à nouveau se baigner grâce au traitement des eaux usées
Côté israélien, la start-up Watergen a inventé (en 2018) un système pour transformer l\’air en eau potable qu\’elle a mis a disposition des gazaouis : un générateur capte l’humidité dans l’air, la condense via un processus de réchauffement avant de filtrer l’eau devenue potable. Chaque générateur produit 6000 litres d’eau par jour.
De même, l’Ong israélo-palestino-jordanienne EcoPeace (qui a pour objet de favoriser la coopération environnementale) a mis en place des usines de dessalement de l’eau dans la bande de Gaza (qui traitent l’eau contre la salinité, la contamination bactérienne et les taux élevés de nitrates) mais aussi 3 installations qui traitent 60% des eaux usées de la bande côtière. Résultat, au cours de l’été 2022, la baignade sur les plages de Gaza est redevenue possible grâce aux nouvelles centrales d\’épuration des eaux usées mises en place fin 2021. Les Palestiniens en étaient privés depuis de nombreuses années.
Si Israël fait pour l\’un, il peut faire pour l\’autre
Rappelons également le projet de transport d\’eau Aqaba-Amman qui devrait être terminé en 2027. Le projet (imaginé en 2015 dans les bureaux de l’ONG EcoPeace) sera notamment piloté par la société israélienne Mekorot. L\’opération consiste dans l’extraction de l’eau de la Mer Rouge, son dessalement et son acheminement vers le lac de Tibériade et Amman. 300 millions de mètres cubes d\’eau dessalée seront fournis à la Jordanie grâce à la construction de stations de pompage, de réservoirs et d’un pipeline d’une longueur de 450 km. Avec ce projet (dont le coût est estimé à 2.8 milliards d’euros financés notamment par un prêt de la banque Européenne d’Investissement et des dotations de l’UE), Israël devrait non seulement régler ses propres problèmes d\’eau (pour les 30 prochaines années) mais aussi ceux de la Jordanie et bien évidemment ceux de la Cisjordanie et de Gaza.
La paix avec les Palestiniens a toujours été une priorité pour Israël : dans son plan de paix proposé en septembre 2021, Yaïr Lapid a, une nouvelle fois, entendu « améliorer les conditions de vie dans la bande de Gaza et créer de meilleures conditions pour de futurs pourparlers » avec notamment la réparation des lignes électriques, la connexion du gaz et la construction d’une nouvelle usine de dessalement d\’eau.
De l\’eau contre des roquettes ?
Néanmoins, la situation se présente comme suit : d’un côté, l’État d’Israël met tout en œuvre pour aider les Palestiniens, de l’autre, les dirigeants de la bande de Gaza ne cherchent qu’à lancer des roquettes et à nuire à ceux qui leur tendent la main. Or, la philosophie palestinienne centrée sur la destruction d’Israël est parfaitement contreproductive puisque Israël est parfois amenée à différer l’entrée des matériaux pour le fonctionnement des systèmes d’épuration d\’eau de Gaza.
Les usines de dessalement, et de traitement des eaux usées, les réservoirs d’eau et les puits sont exploités de façon informatique. Or, si l’État juif ne peut transférer les valves, les filtres, les pompes, les tuyaux, l’équipement électromécanique, les câbles électriques, les pièces pour les ordinateurs et les systèmes informatiques utilisés pour le contrôle, la collecte et l’exploitation des donnés (en raison des craintes de leur utilisation pour des opérations terroristes) , le traitement des eaux ne peut s’effectuer dans des conditions optimales.
Gare au double usage
De même, Israël redoute le transfert à Gaza de tuyaux d’acier dont le diamètre est supérieur à 1,5 pouce (3,8 cm) alors que les usines de dessalement et de traitement des eaux usées nécessitent des tuyaux dont le diamètre est compris entre 2 et 10 pouces (Entre 5 et 25,4 cm). Il en est également ainsi du ciment ou du béton qui peuvent servir à la construction de tunnels qui susceptibles d\’être empruntés par les terroristes. Or, la limitation de cette fourniture est parfois un frein à la construction de canalisations ou d’installations de traitement de l’eau. Des responsables de la Coordination de l’activité du gouvernement dans les territoires (COGAT) ont néanmoins amélioré la procédure d’importation des produits dans la Bande de Gaza, y compris pour les matériaux à « double usage » grâce au système « Yuval ».
Il n\’en demeure pas moins qu\’Israël est également pénalisé par la pollution des eaux en provenance de Gaza dans la mesure ou le déversement des eaux usés impactent les grandes villes balnéaires comme Ashkelon ou Ashdod. Dans un rapport de 2018, la Banque mondiale avait expliqué que la seule solution pour mettre fin au problème palestinien de pénurie d’eau était d’accroitre et de renforcer la coopération entre les dirigeants palestiniens et Israël, le dialogue conduisant à « une meilleure gestion des ressources en eau, qui seraient sources de paix et de stabilité ».
Faillite de la terre dont il ne sortira rien
En Israël, 85% des eaux usées sont recyclées et près de 80% de l’eau potable consommée est fourni par cinq usines de dessalement de l’eau de mer, dont celle de Soreq (sud de Tel Aviv, qui alimente les deux millions d’habitants de la zone métropolitaine). Les Palestiniens seraient bien inspirés de renoncer a leur projet insensé et profiter de l’ingéniosité de leur voisin pour se procurer l\’eau qui leur est indispensable.
Rappelons qu\’en langue arabe, le mot « Palestine » se dit « Falastin ». Or il s\’avère que le mot « Falastin » est la contraction de deux autres mots arabes : « Falas » qui signifie « faillite » et « tin », terre argileuse ou encore infertile. Autrement dit, lorsque les Palestiniens entendent le mot « Falastin » ils entendent également « faillite de la terre dont il ne sortira rien ». C\’est effectivement ce qui risque de se produire s\’ils ne renoncent pas au terrorisme : sans eau potable, la terre infertile risque de le rester pour longtemps.